Histoire
La Templerie : une demeure historique
A l’extrémité du « vieux faubourg des Bans », en bordure du « grand chemin mansays », existait dès le XIIème siècle une ferme appartenant à l’ordre mi-religieux, mi-militaire des Chevaliers du Temple.
Guillaume Fouquet de la Varenne (1560 -1616) acheta la Templerie ainsi que toutes les terres environnantes lorsqu’il s’établit à La Flèche au début du XVIIème.
Une centaine d’années plus tard, au numéro 41 de la rue de la Tour d’Auvergne, entre les bâtiments de cette ferme templière et les jardins du couvent des Capucins, Charles le Noir des Ormeaux (1621-1701), conseiller au Présidial ou plus vraisemblablement son fils ainé Pierre, Sieur de la Cochetière (1654-1724), également conseiller au Présidial, issu d’une vieille famille fléchoise, fit édifier l’hôtel actuel.
La pureté des lignes dénonce les lourdeurs du style Louis XIII, la pierre de taille a détrôné la brique. Les grands châssis des fenêtres à petits carreaux font entrer partout la lumière. Le fronton sur la rue évoque la Grèce antique. Les toits mansardés à pans brisés ont remplacé les hautes toitures pentues. L’absence de saillies, de motifs décoratifs surchargés, l’harmonie des proportions, la symétrie, la grâce et l’élégance, le gout de l’ordonnance créent par leur simplicité un exemple parfait du classicisme français de la première moitié du XVIIIème.
On ignore le nom de l’architecte mais cette œuvre pourrait être signée Ange-Jacques Gabriel (1698-1782) ou Jules Hardouin- Mansart (1646-1708) et l’on sait qu’elle fut achevée avant 1715.
En même temps furent aménagées une belle cour carrée pour les équipages et un grand parc à la française avant qu’une aile en équerre ne soit ajoutée sur la rue au XIXème.
Les pièces de réception se trouvaient jadis au premier étage, dit « le bel étage ». On y accédait avant 1936 par un escalier à tuffeau à volées droites et palier, qui occupait l’actuelle “salle des petits déjeuners” (l’ancien vestibule).
Les Choiseul-Praslin qui, en 1787, avaient fait ériger en marquisat leurs terres de la Varenne, étaient les héritiers des Champagne, 29ème et 30ème seigneurs de La Flèche, eux-mêmes héritiers par alliance des La Varenne, le dernier de ceux-ci étant mort sans postérité (1714).
A la révolution, les seigneurs de Choiseul, ducs de Praslin, seigneurs par engagement de la baronnie de La Flèche et propriétaires de l’ancien marquisat de La Varenne, ne pouvant occuper ni le Château des Carmes, vendu comme bien national, ni celui de la Varenne pillé par les révolutionnaires, achetèrent La Templerie, qui prit le nom d’Hôtel de Choiseul. Une de leur petite filles, Isabelle de Polignac, épousa le comte de Bagneux, qui devint ainsi propriétaire de la baronnie royale « engagée » par Henri IV à Guillaume Fouquet de la Varenne.
Ceci explique pourquoi, jusqu’à la vente de La Templerie en 2020, l’hôtel renfermait le fameux tableau, attribué à François Pourbus (1569-1622), représentant Guillaume Fouquet de la Varenne aux pieds d’Henri IV (1553-1610) et des siens.
Depuis Guillaume Fouquet de la Varenne et jusqu’au décès d’Alain d’Acher de Montgascon en 2014, La Templerie est restée dans la même famille, à travers les de Champagne, de Choiseul-Praslin, de Polignac et les de Bagneux.
En 2020, passionnés par l’histoire et le patrimoine, amoureux des bâtiments anciens, nous nous sommes lancés dans d’importants travaux de restauration nécessaires à la sauvegarde de cette belle demeure.
La Templerie, sa lumière et sa noblesse retrouvées, tourne une nouvelle page de son histoire.
Aujourd’hui, elle ouvre ses portes à ses hôtes pour leur permettre de passer un agréable séjour fléchois…
Source : Pierre Schilte, Le château des Fouquet de la Varenne à La Flèche au xviie siècle, Le Mans, Imprimerie Martin, 1987-1988.